• Le programme socialiste

    Par Liêm Hoang-Ngoc

    Délégué national à l'économie au PS

    Membre de la direction nationale du NPS

    (Maître de conférences à l'Université de Paris I)

    Politis, 31 août 2006

    La personnalisation à outrance de la campagne présidentielle, symptôme d'un régime présidentiel à bout de souffle, a occulté l'analyse du projet que les socialistes ont adopté le 1er juillet lors de leur convention nationale. Dans son dernier ouvrage « la guerre des roses », le journaliste Gérard Leclerc regrettait que la clarification entre les deux lignes qui traversent le PS n'ait une fois de plus pas eu lieu au congrès du Mans. Face au virage néo-conservateur d'une droite bonapartiste convertie au néo-libéralisme, des relents anti-libéraux transpirent pourtant du nouveau projet socialiste. Michel Rocard, pourfendeur déchu de la première gauche, ne s'y est d'ailleurs pas trompé, regrettant le retour des « vieilles lunes ». Les prétendants au Trône suprême (que la sixième République qu'ils appellent de leurs vœux aura tôt fait de brûler !) déclarent eux-mêmes résolument en chœur : « mon programme sera socialiste »... En tout cas, dans son volet économique, le projet qu'ils devront défendre entonne à nouveau quelques accents keynésiens... Loin d'en revenir aux « vieilles lunes », il est plus que jamais pertinent et cohérent avec la promotion d'un plan B pro-européen.

    Sur le plan intérieur, le projet entend relancer le pouvoir d'achat par une revalorisation du SMIC, une conférence nationale tripartite à la suédoise pour rétablir la part des salaires dans la valeur ajoutée et une réforme fiscale devant mettre en chantier la fusion de tous les prélèvements assurant le financement des prestations universelles en un impôt citoyen sur le revenu à la nordique afin de réhabiliter l'impôt progressif et la solidarité nationale. Il propose dans le même sens de remplacer les cotisations patronales par une contribution sur la valeur ajoutée, celle-ci faisant participer les profits aux financements des dépenses sociales. Il remet en chantier la politique industrielle à travers l'ouverture du débat sur le statut des entreprises stratégiques et celles assurant une mission de service public. Il remet sur pied la réduction du temps de travail et réaffirme le principe d'un droit du travail centré sur la primauté du CDI, assorti d'un droit à la formation professionnelle tout au long de la vie.

    Ce programme prône aussi une relance du débat européen car la Commission européenne ne manquera pas de critiquer les « entraves à la concurrence libre et non-faussée » dont nombre de ces mesures seraient porteuses. Il affirme qu'il est hors de question de ratifier un nouveau traité constitutionnel sous la forme sous laquelle il a été rejeté par le peuple. La bataille du budget européen doit être menée afin d'accroître les fonds structurels, nécessaires à assurer l'harmonisation sociale et fiscale vers le haut dans toute l'Europe. Le pacte de stabilité doit être réformé afin de relancer la dépense publique. Les statuts de la banque centrale doivent être redéfinis afin que ses choix, préjudiciables pour la croissance et la compétitivité extérieure européennes, puissent être discutés. Enfin, le tarif extérieur commun doit être utilisé tant que les pays d'accueil des délocalisations pratiquent le dumping social.

    Un tel projet est un programme minimum qui peut être de nature à rassembler toute la gauche, la gauche anti-libérale, mais aussi la deuxième gauche, car le projet est également soucieux d'économie sociale et solidaire, de développement durable et de questions de société.

    Si les bases sociales et politiques pour appliquer un tel projet restent à consolider, la bataille idéologique de légitimation de ces thèmes fédérateurs, de notre ressort ici, ne doit pas être négligée, tant ils nagent à contre-courant de la pensée économique dominante. Dans un ouvrage à paraître dans quelques jours, le Cercle des économistes, haut lieu de la bien-pensance, définit déjà le nouveau cercle de la raison qui s'imposerait désormais à tout choix politique. Ses recommandations s'opposent presque traits pour traits (tient donc !) aux points forts du nouveau projet socialiste. Pour la nouvelle pensée unique, la baisse de l'Impôt sur les Sociétés soit être mise en chantier et la baisse de l'Impôt sur le Revenu poursuivie, la TVA sociale est le meilleur instrument de financement de la protection sociale, le patriotisme économique (et donc la constitution d'un pôle public de l'énergie) est une lubie et la hausse du SMIC est toujours l'ennemie de l'emploi...

  • Commentaires

    1
    Roudmane
    Jeudi 16 Novembre 2006 à 22:06
    Investissement
    Vous proposez des reformes sociales ainsi une revalorisation du Smic mais je voulez savoir quelles sont vos idées a propos de la relance economique et quelles sont selon vous les moyens de relancer l'investissement.
    2
    Roudmane
    Jeudi 16 Novembre 2006 à 22:07
    Investissement
    Vous proposez des reformes sociales ainsi une revalorisation du Smic mais je voulez savoir quelles sont vos idées a propos de la relance economique et quelles sont selon vous les moyens de relancer l\'investissement.
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