• L’appel de reconquêtes

    Préambule de la contribution
     
    L'acceptation des régressions sociales et le discours décliniste sont aujourd'hui devenus la norme, le clivage entre le conservatisme et le progrès est escamoté derrière des réformes qui en réalité sont autant de retours en arrière.

    Nos concitoyens attendent un message d'espoir face à une droite décomplexée qui multiplie les attaques. Le libéralisme économique atteint de nouvelles limites tout en maintenant son hégémonie. Il nous appartient alors, d'ouvrir une voie dans le désenchantement imposé par la pensée dominante pour préparer l'avenir. Seule une gauche résolue et déterminée peut remettre la justice sociale au coeur de l'action politique, dépasser le modèle exclusif du libre-échange sans précaution et redonner du sens au clivage gauche/droite.

    A cette fin nous devons réconcilier la France avec le progrès qui doit être notre boussole.

    Forger les idées et les outils de ces reconquêtes, c'est ce que nous vous proposons dans ce processus d'élaboration de notre contribution pour le prochain Congrès du Parti Socialiste.

    Un renversement de cycle.

    La convergence et la coïncidence de 4 crises mondiales majeures (financière, alimentaire, énergétique, écologique) bouleversent les principes sur lesquels les sociétés occidentales fondaient leur prospérité et leur développement. Nous entrons dans le deuxième âge de la globalisation. Le modèle économique libéral montre des limites sérieuses quant à sa capacité à répondre à la demande sociale et aux nécessités de développement au niveau mondial. Là où les conservateurs privilégient le court terme, les socialistes doivent voir loin. Ils doivent anticiper la société post-libérale et proposer un Etat régulateur et innovateur comme réponse à l'urgence sociale, économique et écologique. Cette proposition, c'est à la gauche de la porter et de l'imposer dans le débat démocratique alors que la droite démantèle la puissance publique.

    Le choc des défaites.

    Depuis juin 2006, la sociale démocratie européenne a enregistré 13 défaites lors des 15 derniers scrutins nationaux. La crise de la sociale démocratie est générale. Elle oblige à un inventaire serein des erreurs stratégiques et politiques accumulées depuis plus de 10 ans. Si la gauche a prospéré dans les années 90 dans le sillage des victoires britanniques et allemandes, sur une offre politique sociale libérale, elle ne lui a pas permis de conserver le pouvoir dans les années 2000. De ce point de vue la situation de la gauche française n'est pas si singulière. Adossée à une offre politique semblable à celle de ses voisins, elle échoue à leur instar. Si la modernité se définit par la rupture avec les cadres conservateurs de pensée, la social-démocratie européenne doit rapidement abandonner une orientation qui lui a soustrait une part importante du vote ouvrier et populaire, réduit le poids total de la gauche et l'a éloigné durablement des responsabilités. Le monde a changé. L'avenir de la gauche française ne peut pas consister à mimer le « New Labour » ou le SPD des années 90, l'avenir du PS ne peut pas être le passé de la social-démocratie européenne. L'efficacité électorale commande de renouer avec les classes populaires plutôt que de confier notre sort politique à l'air du temps.

    Des marges de manœuvre politiques existent en dépit d'une situation difficile et complexe.

    Le discours politique est influencé par une forme de déclinisme, de fatalisme, développés y compris, parfois, dans nos rangs, qui a pour conséquence d'empêcher l'émergence d'une alternative à la pensée dominante. Le progrès de nos sociétés ne peut pas se concevoir seulement en contrepartie systématique de sacrifices de la part de la majorité de ses membres. Sans nier la nécessité de l'effort collectif, la gauche ne peut plus se contenter au nom d'une prétendue "responsabilité" de rejoindre la droite sur le but et le contenu des réformes structurelles, se distinguant seulement sur les dosages ou l'agenda. Quand la droite promet aux hommes et aux femmes de notre pays un avenir noir, le « devoir de grisaille » ne fait pas office d'arc en ciel.

    Nous pouvons et nous devons lever une espérance.

    L'intelligence, l'initiative, la créativité, l'engagement existent dans le mouvement social, dans les universités, dans la jeunesse, dans le monde économique ou culturel. Cette espérance existe déjà, dans un contexte certes différent, en Amérique du Sud et du Nord. 1968 nous offre l'occasion de célébrer un grand mouvement social de conquêtes. Alors qu'aujourd'hui, se mobiliser se résume souvent à résister. La gauche doit retrouver cet esprit pour conquérir de nouveaux droits et élargir l'espace de nos libertés. Cette voie est plus exigeante que la confortable adaptation aux exigences des canons de la pensée unique qui nous mène à d'inévitables déconvenues.

    Changer notre offre politique.

    Nous n'avons plus gagné les présidentielles depuis 20 ans, les législatives depuis 11 ans. Il faut changer de cycle et d'orientation, renouveler les équipes.

    Les mêmes lignes n'ont pas plus de chance de faire gagner les socialistes demain qu'hier. La gauche est immobile parce qu'elle s'incarne dans les mêmes comportements, les mêmes réflexes, les mêmes mots et souvent le même cynisme depuis 20 ans. Il nous faut surtout éviter un nouveau congrès de Rennes, qui propose le choc de deux profils sans différence majeure de ligne. Nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de laisser des écuries présidentielles déchirer le Parti Socialiste. Cet affrontement fait peser une menace lourde sur l'avenir du PS, son intégrité, son image dans la population et son existence même.

    Le congrès du PS doit alors être le congrès de l'anticipation et de la relance.

    L'élection de Nicolas Sarkozy est l'aboutissement de la défaite culturelle de la gauche, résultat des batailles que nous n'avons pas menées. Les Socialistes doivent tourner cette page ! Ils doivent définir une politique qui remette le progrès au service de l'humanité.

    Notre première responsabilité est d'imaginer la France d'après Sarkozy. Imaginer un contexte où, il est à redouter que les inégalités sociales et leur cortège de violence auront augmenté et alors qu'auront été simultanément affaiblis les instruments de régulation, d'intervention et de redistribution, nationaux et continentaux.

    La modernité, c'est anticiper et préparer le post-libéralisme et construire la gauche du XXIe siècle qui saura remettre la justice sociale au coeur de l'action politique.

    Pour cela la démarche de Reconquêtes passe par la mise en débat de propositions fortes. C'est le sens des forums auxquels nous vous invitons.

    Henri Emmanuelli et Benoît Hamon


  • Commentaires

    1
    Mercredi 2 Juillet 2008 à 17:26
    contrib
    Tiens, Érasme, on ne dit pas cette fois:" d'en signer une qui ne soit pas hamonique ou emmanuellesque"? Zut alors! Mélenchon est donc le seul à mériter l'indignité? Et les mélenchoniens avec, bien sûr! Tant pis...
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    2
    laval
    Jeudi 3 Juillet 2008 à 08:45
    contributions
    après avoir attendu la publication de toutes les contributions , les avoir ...presque toutes lues , avoir évalué les constats , les propositions de chacun ...et quelques hésitations,...j'ai décidé de signer la contribution "reconquêtes". LAVAL alain ,membre du bureau de metz nord du ps
    3
    Samedi 5 Juillet 2008 à 12:09
    Brigitte!!
    @ Allons Brigitte, pourquoi indignité, l'idée c'était juste de mettre un peu de légèreté, j'étais plus inspiré par Mélenchon qui cultive bien son personnage (non?) et l'hamonique me va bien, et j'assumerais très bien un ségolénâtre ... on se décontracte on est au PS d'abord ... faut pas tout prendre de travers...excuses si le terme a été mal pris
    4
    Samedi 5 Juillet 2008 à 12:12
    ho les socialos !
    c'est quand que vous supprimez Royal ?§§§
    5
    Samedi 5 Juillet 2008 à 12:13
    ho les socialos !
    je tiens à die que ma mère n'y est pour rien dans la liberation de betancourt..." laissez la place aux jeunes au PS et foutez moi Royal dehors ! cette femme est un boulet, une honte pour votre parti en ruine ! Quand allez vous le comprendre ? Quand !
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