• Interview au Figaro.fr

    LE FIGARO.FR. - La candidature officielle de Bertrand Delanoë au poste de premier secrétaire est-elle une bonne nouvelle pour le PS ?

    Benoît HAMON. - Elle était attendue. Elle est confirmée. Elle ne surprend personne. Elle est logique et pas moins légitime qu'une autre. J'attends maintenant que l'on passe au débat essentiel : comment être à nouveau utile aux Français ? Comment et où trouver de nouvelles marges de manœuvre pour changer la France ? Avec qui nous allier ?

    Qu'attendez-vous des universités d'été du parti qui débutent vendredi à La Rochelle ?

    C'est un préambule au congrès du PS, qui m'inquiète, et chaque semaine aiguise davantage cette inquiétude. Je vois mon parti tellement tourné vers lui-même, nombriliste, qu'il donne le sentiment d'être indifférent aux grands comme aux petits événements qui se déroulent dans le monde. Si on n'en termine pas avec ce parti-là, qui réussit à faire du tandem Collomb-Guérini le couple le plus convoité de l'été, on risque d'en finir avec le PS tout court.

    Les jeux de séduction entre les ténors du parti se sont multipliés cet été...

    Ce ne sont pas des jeux de séduction, mais des rapports de force. Les Français ont observé, amusés pour certains, navrés pour la majorité, des socialistes jouer au jeu de celui qui saura le mieux appâter l'autre... Pendant ce temps les négociations à l'OMC échouaient. Le PS en est-il content ? Ne l'est il pas ? On ne sait pas. La guerre fait irruption à nouveau sur le continent européen au moment où Nicolas Sarkozy ferme 80 sites militaires en France. Dix millions de Français ne partent pas en vacances, la récession économique se confirme. Tout devrait nous ramener à une opposition sans relâche ni faiblesse à la politique de Sarkozy mais les esprits des dirigeants socialistes sont ailleurs. Je pense que les gens de gauche et pour commencer les militants socialistes en ont marre. Ils ont raison.

    N'est-ce pas révélateur aussi d'une panne de leadership au PS ?

    Il faudra un leader, mais avec une orientation qui soit absolument claire. A quoi cela servirait-il d'avoir un chef, sans cap, sans navire et sans équipage ? Depuis juin 2006, les sociaux démocrates ont perdu 13 élections nationales sur 15 en Europe. La crise de la sociale démocratie est générale. Nous n'en sortirons pas en perpétuant les mêmes équilibres, les mêmes lignes, défendus par les mêmes hommes et femmes. Il est temps que ça change.

    Avec qui envisagez-vous des alliances dans la perspective du congrès ?

    Je proposerai, pour commencer, aux amis de Laurent Fabius et à la gauche du parti de déposer une motion le 23 septembre. Aujourd'hui, personne ne peut obtenir seul la majorité au PS. Des alliances sont exclues avec tous ceux qui nous proposeront d'une manière ou d'une autre de faire comme avant, de nous retrouver derrière une ligne creuse à défaut d'être claire. La clarté, ça ne peut pas être le moins disant politique. Quelles que soient les configurations au congrès, je souhaite que la motion que nous défendrons soit portée par un candidat au poste de premier secrétaire.

    Un arc Aubry/Fabiusiens/Moscovici/barons locaux ne vous semble donc pas crédible ?

    Ça ne marchera pas... Tout le monde cherche la recette de la potion magique : une pincée de gauche du PS, une autre de droite et une grosse cuillère de ventre mou pour faire une majorité. Ça s'appelle le rubix cube, où toutes les combinaisons sont possibles. Cessons ces jeux épuisants et refaisons de la politique. Face aux crises économiques, sociales et énergétiques, il faut des réponses de gauche. Les leaders de gauche en Amérique du sud l'ont compris et ils gagnent des élections partout. Obama aussi, qui parle de restrictions au libre-échange, du retour de l'intervention de l'état fédéral, alors que nous, nous en sommes encore à réciter un catéchisme social-libéral qui a échoué.

    Vous êtes situé à la gauche du PS : quel regard portez-vous sur la création en janvier 2009 du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot ? Pourriez-vous le rejoindre ?

    Je suis socialiste. Je n'ai pas d'ennemis à gauche sauf quand ils versent dans l'intolérance. Demain, on doit tous se rassembler. Si le NPA rompt avec le refus de gouverner, il peut s'insérer dans le rassemblement de la gauche. C'est un préalable nécessaire. J'ai peur que les militants de gauche ne se sentent comme les Français, abandonnés par des dirigeants uniquement occupés par leurs querelles. Nous allons leur proposer un autre chemin, plus exigeant sur le fond.


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  • 25/08/2008 12h59 - PARTIS-PS-CONGRÈS - Monde (FRS) - AFP


    PARIS, 25 août 2008 (AFP) - Le leader du nouveau Parti socialiste (NPS) Benoît Hamon, qui ambitionnait de construire un rassemblement "à vocation majoritaire" incluant notamment Martine Aubry pour le congrès de Reims en novembre, souhaite désormais la réunion de "toutes les composantes de la gauche du parti et de Laurent Fabius" autour d'une motion commune.
    "Je me mets en situation de préparer l'union de toutes les composantes de la gauche et de Laurent Fabius en vue de faire un texte commun" qui sera soumis aux militants, a déclaré le jeune député européen, interrogé par l'AFP.
    Benoît Hamon est apparu déçu par l'attitude de Martine Aubry, dont les mots, avait-il dit fin juin, "sonnent doux à nos oreilles". "La fusion de Martine Aubry avec les strauss-kahniens, qui jusqu'à présent étaient dans la droite du parti, rend les choses très compliquées" pour une alliance plus large, d'autant qu'"elle n'a pas eu de geste à l'égard de la gauche du parti", a-t-il dit.
    Le co-leader du NPS, avec Henri Emmanuelli, a également critiqué le rapprochement ou les contacts des strauss-kahniens et de Mme Aubry avec de "grands élus" comme Gérard Collomb (Lyon) et Jean-Noël Guérini (Bouches-du-Rhône), qui représentent selon lui "le moins-disant politique absolu". "Ce sera deux fois plus sans nous", a-t-il affirmé.
    "Tout se passe comme si ceux qui dirigent le PS étaient absolument incapables de se remettre en cause, (...) comme si le soutien de Laurent Fabius et de la gauche du parti (à Mme Aubry, ndlr) devait être le plus discret possible", a soupiré Benoît Hamon.
    Le dirigeant socialiste a précisé qu'il pensait "être en situation d'être l'animateur de cette motion" de la gauche du parti et des fabiusiens.
    Il n'a pas exclu, mais seulement au moment du congrès, "la construction d'une majorité nouvelle" entre cette motion et d'autres forces du PS.
    tma/swi/phi
    © 1994-2008 Agence France-Presse


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  • "Le retrait non, la révision stratégique oui", a déclaré Pierre Moscovici à propos de l'Afghanistan. Partagez-vous cette position ?

    La position de M.Moscovici n'est pas celle du PS. Pourquoi dire non au retrait? La question est d'abord de savoir ce que l'on va faire en Afghanistan. Notre présence militaire est un non-sens en l'absence d'objectifs identifiés. La logique actuelle conduit à un renforcement inéluctable des effectifs. Il faut changer de stratégie et mettre fin à notre participation.

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    Que nous soyons engagés au côté des forces de l'ONU afin d'aider l'Afghanistan à recouvrer les moyens de sa souveraineté n'est pas criticable. Mais que nous soyons engagés dans une opération de maintien de l'ordre définie par les Américains dans le cadre de l'OTAN, ça, non. Je demande que l'on respecte la position que nous avions exprimée en présentant une motion de censure contre le gouvernement en avril.

    Souhaitez-vous que le PS prenne position en faveur du retrait des troupes françaises en Afghanistan ?

    Il y a le PS et il y a l'opinion publique. Déjà, le PS n'a pas tenu compte de l'opinion publique au moment du référendum européen. On a vu les conséquences. Si l'opinion publique ne comprend pas la présence militaire française en Afghanistan, ce n'est pas par lâcheté, c'est parce qu'elle fait preuve de bon sens. J'ose espérer que le PS ne restera pas en deçà du bon sens.

    Un retrait ne signifierait-il pas, comme l'a dit Nicolas Sarkozy, "renoncer à défendre nos valeurs, laisser les barbares triompher" ?

    C'est une erreur grave de croire qu'on peut imposer la démocratie par la force. Le propre d'une démocratie est d'être l'expression d'une volonté majoritaire. La "lutte contre le terrorisme" est un concept idéologique inventé par George Bush, dont l'objectif est indéterminé et qui relève de l'esprit des croisades. L'axe du bien contre le mal, qu'est-ce que ça veut dire? Je suis affligé de voir que la France verse dans cette aventure. Il semblerait que le néoconservatisme américain ait réussi à franchir l'Atlantique.

    Je crois que l'on nous cache beaucoup de choses sur la réalité en Afghanistan. Que représente le pouvoir central? Qui est M.Karzaï \[le président afghan\], une marionnette installée au pouvoir par ses puissants parrains? Personne n'a jamais gagné une guerre en Afghanistan. Les forces étrangères sont vécues, de plus en plus, comme une armée d'occupation et l'on voit s'organiser les premières manifestations de la population contre leur présence. Quand on nous agite la menace des risques d'attentats sur le territoire français si les talibans reprenaient le pouvoir, c'est hélas l'inverse qui est vraisemblable. La présence militaire française en Afghanistan risque de susciter des vocations.

    Propos recueillis par Patrick Roger

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